Après l’exceptionnel typhon Jebi qui a touché principalement la région d’Osaka, c’est le nord du pays, l’Île de Hokkaido qui a subi un important tremblement de terre (6,6) cette semaine, laissant tués, blessés, bâtiments détruits par d’importants glissements de terrains qui font craindre de nombreuses disparitions.
Japon : pluies et tremblements …
Au début de l’été, des pluies torrentielles et des glissements de terrains dans le sud de Honshu avaient aussi endeuillé le pays.
Ces désastres ont provoqué des coupures de courant et interrompu trafics aérien et terrestre. De plus, les régions isolées du nord se retrouvent parfois privées d’eau, de téléphone ainsi que d’électricité. Le pays, particulièrement dépendant à l’énergie qu’il ne produit pas, souffre de la vulnérabilité de ses infrastructures face aux risques naturels.
Bien que le pays soit habitué à subir ces catastrophes naturelles et que sa capacité de réponse et son organisation soient parfaitement adaptés, l’été a été particulièrement meurtrier et devrait peser sur l’activité économique générale à l’automne, notamment dans la province du Kansai très industrieuse.
L’économie japonaise marque le pas depuis le début de l’année. Le PIB progresse encore de 1% sur un an au deuxième trimestre, soit un rythme considéré comme supérieur à son potentiel et ce grâce aux investissements et aux exportations principalement. Mais le boom de construction devrait commencer à ralentir à mesure que les travaux pour les JO de 2020 s’achèvent. Le Japon reste aussi
tributaire de l’évolution de la demande extérieure, sous le coup désormais des soubresauts de la politique américaine et autres menaces de sanctions commerciales.
La dynamique intérieure reste médiocre : les dépenses des ménages étaient en recul en juillet de 0,9% sur un an après une baisse de 1,2% en juin. Pourtant les bonus de juin ont été assez généreux : les salaires (y compris les bonus) ont augmenté de 3,6% en juin sur un an, soit pour les revenus réels une hausse de 2,8% en juin et encore de 1,1% en juillet (2,4% nominal).
De son côté, et alors qu’il se représente à la tête de son parti le LDP (élections le 20 septembre), Shinzo Abe axe son programme économique sur le maintien d’un relèvement de la TVA l’an prochain (à 10% contre 8% actuellement), afin d’assurer le financement de la protection sociale. De même envisage-t-il de porter l’âge officiel de la retraite à 65 ans et reporter le versement des pensions à 70
ans et même au-delà. Déjà, l’âge officiel de la retraite des fonctionnaires a été porté à 80 ans au début de l’année.
Le taux de participation des seniors (plus de 65 ans) est de 23,5% contre 3,1% en France 1 . De plus le taux d’activité des femmes est désormais un des plus élevés au monde et au fil des ans, la fameuse courbe en M si caractéristique de l’activité des femmes 2 tend à s’aplatir. De plus en plus de mères de familles – même de jeunes enfants – travaillent. Néanmoins, les pesanteurs sociales, comme les
modes de fonctionnement hiérarchiques et de promotion au sein des entreprises, les laissent encore en retrait par rapport aux hommes.
Le vieillissement accéléré de la population et sa diminution, pose un problème insoluble quant à au maintien d’une activité dynamique sur le territoire d’un pays qui se dépeuple. Le rallongement de l’âge de la retraite et le maintien en activité d’une population plus âgée va certes de pair avec l’amélioration de l’état de santé des personnes. Mais cela ne contribue-t-il pas non plus à bloquer l’arrivée aux commandes des générations plus jeunes ?
1 Source OCDE, 2017
2 La courbe en M se caractérise par un fort taux d’activité des femmes avant le mariage, puis un déclin marqué
à partir de 25 ans (mariage, enfants), et de nouveau un retour à l’emploi après 40, pour un repli après 60 ans.