Dans le doute, la Fed s’abstient. Mais est-ce une bonne nouvelle ?

 In Economie, Finance et Marchés

Le comité de la Réserve Fédérale a finalement décidé de laisser son taux directeur inchangé. Prenant en compte les incertitudes accrues qui pèsent sur l’évolution de l’économie mondiale et la perspective d’inflation encore basse, due au repli des prix de l’énergie et des matières premières.

Mais la nouvelle n’a pas permis de soutenir les marchés actions, finalement déstabilisés par le ton d’indécision et d’incertitude :

  • La Fed se laisse toute latitude pour agir quand elle le jugera nécessaire, sans donner plus de précision sur son agenda ;
  • Elle reconnait que les incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale – en clair l’impact possible d’un repli plus marqué qu’attendu de l’économie chinoise – pourraient bien affecter les États-Unis aussi.

Bref, il ressort du message de la Fed que l’Amérique n’est plus une île ! Son économie n’est pas à l’abri des soubresauts du reste du monde et il n’est pas sûr qu’elle puisse le porter à elle seule.

Les prévisions de la Réserve Fédérale qui accompagnaient le communiqué reflètent ces atermoiements : la croissance US devrait continuer de tourner autour de 2% l’an d’ici à 2018. L’inflation (totale et hors alimentation et énergie) ne devrait attendre les 2% l’an qu’en 2018.
La décision a bien permis une détente générale des taux d’intérêt, mais les marchés actions étaient en repli, alors que les investisseurs s’interrogent sur le risque de surévaluation des actifs plus risqués.

Reculer pour mieux sauter ?

  • Notez que dans ses prévisions, la Fed intègre toujours une hausse de ses taux directeurs d’ici la fin de l’année et 100bp de plus en 2016, ce qui porterait le taux des Fed Fund Target à 1.25% – 1.50% à la fin de l’an prochain. Alors pourquoi attendre encore ?
  • Au-delà des raisons invoquées, les hésitations de la Fed reflètent ses tâtonnements tactiques, tandis que les ménages américains toujours endettés peuvent continuer de profiter de taux très bas. Ceux-ci ont d’ailleurs permis de relancer les ventes de voitures par les crédits à taux quasi nuls.
  • Les entreprises aussi ont bien reconstitué d’importantes poches de cash et empruntent au plus bas.

Je continue de penser qu’il serait bon de commencer à éloigner « le bol de punch » avant que la partie de dégénère. Mais la normalisation ne pourra être que progressive. Le risque de rechute de l’activité pour ceux (états, particuliers ou entreprises) encore endettés pourrait être amplifié par la nécessité de faire des économies.

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