La BCE à nouveau sous les feux de la rampe avant sa réunion du 10 mars prochain

 In Economie, Finance et Marchés

Un nouveau geste est largement attendu par les marchés, mais lequel ? Procéder à plus d’achats d’actifs et/ou pour plus longtemps ? Abaisser encore le taux de dépôt auprès de la Banque centrale ? Probablement. Mais pourquoi faire ? C’est la question qui revient désormais. Car la politique d’achats d’actifs et surtout la rémunération à taux négatif des dépôts des banques auprès de l’institution centrale présenterait finalement plus de risques que d’avantages :

  • Ces mesures ne semblent pas avoir eu les effets escomptés sur l’inflation qui continue de reculer. L’indice des prix à la consommation en zone euro a reculé de 0.2% sur un an en février. Hors alimentation & énergies, les prix ralentissent aussi : +0.7% sur un an, contre +1.0% sur an en janvier. Même la baisse de l’euro n’a pas induit d’inflation importée.
  • Les taux de dépôt négatifs pèseraient sur la profitabilité des banques au point qu’elles pourraient limiter les crédits qu’elles accorderaient ; ce sont les mécanismes de transfert du crédit à l’économie qui souffriraient directement.

Dans ce contexte, on se demande si une nouvelle augmentation des achats d’actifs, alors que les rendements à long termes sont largement en territoire négatif, n’aurait pour d’autre effet que de contribuer à accroître la volatilité sur d’autres classes d’actifs, sans pour autant suffire à soulager les pays qui en auraient le plus besoin !

Enfin, ces niveaux de taux sont-ils de nature à pousser les réformes structurelles et la réduction des dettes ou ne servent-ils qu’à prolonger la vie de canards boiteux et favoriser le laxisme budgétaire ?

Au bout du compte, on a le sentiment que tout se joue sur le marché des devises au gré des anticipations concurrentes en matière de politique monétaire et que la BCE ne dispose désormais que de moyens d’ajustement à la marge. Les marchés sont d’ailleurs un peu plus réservés dans leurs attentes ce qui renvoie l’EUR vers le seuil des 1.10 dollar. Je pense pour ma part qu’il ne faut pas reléguer ce qui a été fait jusqu’ici comme nul est non avenu ; mais :

  • l’effet d’annonce et de surprise comme les moyens d’actions s’amenuisent.
  • la question de fond reste d’analyser les raisons du ralentissement des prix : retour de la déflation ? ou entrée dans une nouvelle ère de « basse-flation » grâce aux progrès technologiques, l’ouverture à la concurrence et la productivité croissante de certains secteurs ?

Il n’empêche, le discours des banques centrales semble désormais assez décalé par rapport à ces réalités et comme un médicament dont la liste des effets indésirables s’allongerait sensiblement, la politique de taux de dépôt négatifs et d’achats d’actifs est désormais largement débattue sinon contestée. Les statuts et l’indépendance des banques centrales ont été acquis alors qu’il fallait lutter contre l’inflation. Faut-il aujourd’hui, reconsidérer ces objectifs et les adapter de nouvelles réalités ?

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