L’élastique est-il trop tendu ?

 In Economie, Finance et Marchés

Mario Draghi aurait-i manqué sa cible ? Sa détermination affichée à soutenir l’activité aurait-elle instillé plus de doute que de réconfort dans les marchés ?

En effet, alors que les indicateurs avancés de la zone euro parus cette semaine montraient une assez bonne résistance de l’activité – il faut bien le dire soutenue surtout par l’Allemagne – et que le chômage continuait de reculer, la BCE elle, s’inquiète encore et revoie ses prévisions d’inflation et de croissance légèrement en baisse , évoquant un risque de contagion chinois. Le rapport de la Banque Centrale Européenne mais bien en lumière les risques extérieurs à la zone euro comme freins à une accélération de la reprise, tandis que l’on pourrait de nouveau connaître un épisode de contraction des prix finaux, du fait de la baisse supplémentaire des prix du pétrole.

Dans ce contexte toujours marqué par la nécessité de poursuivre le désendettement des agents économiques européens, la BCE reste donc sur la défensive et ne peut que confirmer voire promettre d’accentuer son programme d’achat obligataire – afin de maintenir les rendements au plus bas et ce jusqu’en septembre prochain voire même au-delà comme l’a dit Mario Draghi.

Ceci soulève plusieurs questions :

1. Sur le plan économique, plusieurs études s’interrogent sur la part réelle que prend la Chine dans ce choc déflationniste (induit par la baisse de sa demande de pétrole et de matières premières et par la baisse attendue du prix de ses exportations). Or, si cette influence est certaine, elle a peut-être été surestimée tant dans la période de forte croissance – où la Chine a clairement contribué à la hausse des prix mondiaux – que dans la période de ralentissement – où la hausse des salaires domestiques a érodé sa compétitivité.

Il est clair que nous sommes entrés dans une phase conjoncturelle de surproduction – y compris de produits agricoles. Mais on doit aussi constater que les coûts salariaux ont fortement baissé dans de nombreuses économies développées. Enfin, la concurrence s’intensifiant grâce aux nouvelles technologies, certaines rentes disparaissent. Qu’y peut vraiment la banque centrale ?

2. En ce qui concerne les marchés, cet interventionnisme soi-disant sans limite, soulève au moins deux interrogations :

  • Ne faut-il pas s’inquiéter de leur dépendance toujours croissante aux Banques Centrales, au risque de rendre leur intervention de moins en moins efficace économiquement et politiquement de plus en plus contestée ?
  • Les propos de Mario Draghi sont-ils destinés à arrêter Janet Yellen ? Ou bien, sont-ils au contraire une préparation à la prochaine décision de la Fed et la confirmation du décalage des cycles économiques entre les rives de l’Atlantique ?
    Dans ce dernier cas, l’euro pourrait encore s’affaiblir face au dollar, tandis que les rendements obligataires européens ne seront que peu affectés par une possible hausse des taux directeurs de la Réserve Fédérale.

Retrouvez le podcast de cette tribune sur BFM Business.

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