Les marchés devraient prêter plus d’attention aux agences de notation

 In Economie, Finance et Marchés

Les agences de notations se sont récemment rappelées à notre bon (ou mauvais) souvenir, sans que cela n’émeuve vraiment les marchés. Faut-il pour autant les disqualifier ?

Cet été, l’agence S&P a abaissé la note du Brésil à BB+, contre BBB-, la faisant passer en catégorie spéculative. De même, elle a abaissé la note du Japon à A+ contre AA- précédemment. L’agence Moody’s de son côté, a ramené la note de la France à Aa2, contre Aa1 avec perspective stable. Plus récemment, la Finlande a vu la perspective de sa note passer de stable à négatif.
Du côté des bonnes nouvelles, la Grèce se voit un peu mieux qualifiée par l’agence Fitch, la note et la perspective stable du Portugal ont été confirmées par la même agence. Enfin l’Irlande voit sa perspective passer de stable à positive : la promesse (sauf accident) d’une amélioration de sa note par l’agence Moody’s d’ici quelques mois.

Les décisions des agences de notations ne font plus guère la une, car elles apparaissent souvent comme des indicateurs retardés des mouvements de marchés, ne faisant que confirmer leur opinion.
De plus, dans le cas du Japon, comme de la France, les achats directs d’obligations par les banques centrales « anesthésient » le marché. Ainsi en France, le rendement à 2 ans est passé de -0.14% à -0.18% une semaine après l’annonce de la décision de Moody’s. Dans le cas du Japon, la certitude du caractère domestique de la détention de la dette du pays contribue à une telle confiance, au point que les taux n’ont cessé de baisser depuis (ou malgré) les abaissements de la note de la dette.

Pourtant rien de ce qui précède n’a force de preuve universelle et éternelle :
L’euro constitue bien un bouclier protecteur pour l’ensemble des dettes souveraines des pays membres de la zone, mais pas en cas de risque d’insolvabilité comme on l’a vu lors de la crise grecque.
La rétrogradation au niveau spéculatif de la note du Brésil envoie un signal de défiance que nombres d’investisseurs ne peuvent ignorer. De plus, au-delà de l’Etat Fédéral, les effets sur le secteur financier et non financier du pays sont dévastateurs : celui-ci a accumulé durant les années de prospérité une dette de près de 270mds de dollars. La forte dépréciation du réal comme la raréfaction du crédit les entraînent brutalement dans la spirale du surendettement.
Les marchés les plus liquides – notamment les marchés actions – sont soumis à une volatilité croissante.

Il n’en reste pas moins qu’à court terme, les commentaires venus de la Réserve Fédérale des Etats-Unis, comme ce fut le cas jeudi dernier, résonnent plus sur les marchés que les annonces des agences de notation. Mais ces dernières fournissent des éléments d’analyse qui éclairent les investisseurs de long terme.

Au risque d’énoncer des évidences, il est donc bon de rappeler que s’endetter en devise revient à prendre un double de risque : celui de la remontée des taux d’intérêt et de l’appréciation de la devise dans laquelle est libellée la dette. Les ratings des agences de notations ont une grande importante pour les investisseurs institutionnels dont les politiques d’investissement connaissent des limites strictes, ce qui peut conduire à d’importants mouvements d’allocations d’actifs.

Retrouvez cette chronique sur BFM Business.

Espace commentaires