Les marchés sont-ils assez résistants ?

 In Economie, Finance et Marchés

Entre panique et euphorie, les marchés ont bien semblé perdre la tête cette semaine.

Les marchés se tournent alternativement du côté chinois puis américain sans pouvoir trancher à mon avis deux questions de fond :

  • La Chine risque-t-elle d’entraîner le reste du monde dans la récession?
  • L’économie américaine est-elle assez forte pour supporter une normalisation monétaire?

Et une question subsidiaire : Que veulent et que peuvent les autorités monétaires ?

Je voudrais vous proposer 3 remarques :

  1. Tout d’abord, les marchés font preuve de pas mal d’inconsistance dans leurs attentes à l’égard des autorités chinoises : tantôt ils blâment leurs interventions directes sur le marché, tantôt ils craignent leur retrait. Il me semble que les autorités monétaires et politiques ne forment pas un monolithe parfait et qu’elles poursuivent des objectifs distincts. La fameuse « dévaluation du yuan» qu’aurait provoquée la PBOC[1], ressemble plutôt à une mise en ordre à l’égard des exigences du FMI pour satisfaire aux critères d’intégration dans les DTS[2]. Le FMI[3] revoit la composition de son panier tous les 5 ans, la Chine ne veut pas passer son tour. De leur côté, les autorités chinoises voudraient bien éviter la panique complète sur les marchés et le désarroi encore plus grand des petits épargnant, afin de ne pas ternir les grandes célébrations et commémorations des 3 et 4 septembre prochain (célébration de la capitulation du Japon) par un mécontentement populaire.
  2. Par ailleurs, on semble être face au dilemme de la poule et de l’œuf : la baisse des marchés boursiers mondiaux est-elle la conséquence du ralentissement économique de la Chine? ou bien en sera-t-elle la cause ? Côté américain on se demande encore si la hausse attendue des taux directeurs de la Fed pourrait faire dérailler l’économie domestique et globale, ou si au contraire il ne que trop temps de corriger une situation monétaire par trop anormale au regard du regain de vigueur de la croissance domestique ? Ceci explique bien les hésitations de la Fed : le ralentissement de l’activité, la tourmente des marchés créée une réelle complication, d’autant que pour défendre son marché la Chine a vendu des obligations américaines.
  3. Troisième remarque, si en ce moment les autorités monétaires ne semblent guère parler aux marchés, cela ne veut pas dire qu’elles ne se parlent pas entre elles, ni même qu’elles ne partagent pas des points de vue communs. Ce sera le cas ce week-end lors des rencontres annuelles de Jackson Hole. J’ai noté ces derniers mois par exemple, une inquiétude commune quant à l’envolée des marchés, le constat répété par tous de l’Europe à l’Asie qu’il allait falloir s’habituer à plus de volatilité.

Et si nos banquiers centraux plutôt que de s’opposer, jugeaient qu’il était grand temps de retirer l’aiguille de morphine du bras du patient et laisser les forces de marché agir tout en intervenant à la marge ? La Chine pour conduire sa devise sur le chemin de l’internationalisation, la Fed pour se redonner des marges de manœuvre en cas de coup dur, et éviter une nouvelle bulle spéculative.

Dans ce contexte et tandis que la BCE maintient le cap du quantitative easing, on peut privilégier les obligations et les actions italiennes et espagnoles.

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[1] Banque centrale de Chine

[2] Droits de tirage spéciaux. Le DTS est fixé par rapport à un panier de monnaies de référence comprenant actuellement le dollar, l’euro, le yen et la livre sterling. Pour faire partie des devises de référence, le FMI demande que la monnaie considérée soit effectivement largement et librement échangée – sans pour autant exiger une convertibilité totale comme condition préalable.

[3] FMI : Fond Monétaire International

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