L’Europe face à elle-même

 In Economie, Finance et Marchés

Cette semaine l’EUR a connu une nouvelle phase d’appréciation face aux principales devises du monde à commencer par le dollar. Depuis décembre dernier, le taux de change effectif réel de l’EUR a progressé de près de 5.3% (selon l’indice de la DeustcheBank).

Cette tendance reflète-t-elle plus l’amélioration des conditions économiques en zone euro ou la détérioration de celles du monde qui l’entoure ? Probablement un peu des deux :
Le bulletin mensuel de la BCE, comme le rapport de la Commission Europe restent plutôt confiants sur la poursuite de l’amélioration de l’activité en zone euro cette année, tirée notamment par la consommation intérieure et l’investissement. L’Europe continue de bénéficier de :

  • La baisse des prix du pétrole ;
  • la faiblesse du coût du crédit (et dans certaines régions son abondance) ;
  • des politiques budgétaires moins restrictives, pour ne pas dire un peu expansionnistes dans certains cas.

Malgré leur tassement en début d’année, les indicateurs avancés d’activité de la zone euro (services et manufacturiers) restent au-dessus du seuil des 50, signalant une expansion de l’activité, tandis que le taux de chômage de la zone est attendu en recul cette année.

Mais :

  • Pour peu que les créations d’emplois mensuelles ralentissent aux Etats-Unis, les marchés parieront sur une halte complète de la hausse des taux de la Réserve Fédérale ;
  • de son côté, la BCE ne semble plus avoir beaucoup de marge d’intervention ;

Ainsi depuis le début de l’année les rendements à long terme des dettes publiques de la zone euro ont encore reculé : en Allemagne, les taux d’intérêt sont en territoire négatif jusqu’à la maturité de 8 ans et le dollar tend à reculer contre l’EUR.
La BCE comme la Commission européenne s’inquiètent donc encore :

  • l’impact de la volatilité des marchés financiers ;
  • de l’ampleur et des conséquences du ralentissement des économies émergentes ;
  • de la poursuite du processus de désendettement des agents économiques (notamment en Italie) ;
  • de la lenteur de la mise en œuvre de réformes structurelles significatives en zone euro.

La Commission Européenne table sur une croissance de 1.7% pour la zone euro cette année et 1.9% l’an prochain, après une progression de 1.6% estimée en 2015. Au-delà des questions économiques, ce sont les tensions politiques et leurs conséquences économiques qui ajoutent plus d’incertitudes sur l’économie :

  • l’impact d’un « Brexit » reste difficile à apprécier ;
  • la perspective de voir un nouveau flot de réfugiés toucher l’Europe, sans que les pays de l’Union n’aient pu trouver de solution commune à cette situation, fait ressurgir le spectre d’un abandon plus durable de Schengen.

Un rapport de l’agence France Stratégie paru cette semaine souligne que le rétablissement des contrôles aux frontières intraeuropéenne, pourrait coûter à l’Union plusieurs centaines de milliards d’euros à terme du fait :

  • du découragement des touristes ;
  • de la difficulté de circulation des travailleurs frontaliers ;
  • du filtrage de la circulation des marchandises avec nos principaux partenaires commerciaux européens.

Même si ces effets ne se mesureront qu’à moyen terme, les dirigeants de l’UE ne peuvent que se trouver pousser à parvenir à des accords d’action pour préserver la acquis de la dynamique commerciale européenne.

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