Royaume Uni : le prix de la sortie

 In Economie, Finance et Marchés

Grâce à l’annonce d’un accord ce vendredi 8 décembre, le Conseil Européen qui se réunit la semaine prochaine devrait pouvoir constater l’avancement suffisant des négociations sur les modalités de sortie du Royaume Uni de l’UE. Ce constat conditionne l’ouverture de la deuxième phase de la négociation qui portera sur l’élaboration d’un accord commercial entre les deux entités.

Sur les modalités de sortie, les trois questions préalables semblent désormais résolues. Elles concernent :

  • Les garanties sur le statut et les droits des citoyens résidents au Royaume Uni et dans l’UE,
  • le périmètre de la contribution financière britannique à l’UE,
  • l’épineuse question du statut de l’Irlande du Nord. Celle-ci semble elle aussi résolue par l’engagement britannique de ne pas reconstruire de frontière physique entre les deux Irlande.

Mais ce dernier point reste sensible car il cristallise l’opposition de deux unités juridiques où s’applique la souveraineté entière de la norme. Outre-Manche, les partisans de la sortie de l’UE ont fait du retour à la souveraineté juridique du pays le point cardinal de leur revendication de sortie. Or le retour à la norme britannique y compris pour l’Irlande du nord signifierait la remise en place d’une frontière entre les deux Irlande, clé de voûte des accords du vendredi saint de 1998.

Le lancement des négociations d’un accord commercial est urgent car il reste peu de temps pour façonner un tel accord. De plus David Davis, le ministre en charge des négociations, a admis devant les Communes qu’aucune étude d’impact économique n’avait été réalisée à ce jour.

Et justement sur le plan économique on peut s’inquiéter :

  • Le bilan économique de l’année n’est pas aussi catastrophique que prévu, surtout si l’on regarde du côté du secteur manufacturier ou encore du tourisme : la baisse de la livre et la reprise européenne ont soutenu l’activité de ces secteurs.
  • Cependant, l’inflation grignote le pouvoir d’achat des ménages, et malgré le taux de chômage très bas, ceux-ci ont puisé dans leur épargne. Les ventes de détail ont reculé sur un an en octobre pour la première fois depuis 2013.

Au moment où la zone euro accélère, le Royaume Uni est à la traîne. Au troisième trimestre la croissance de la zone euro était de 2,6% sur un an, celle du Royaume Uni atteignait à peine 1,5%.

Un accord de libre échange est essentiel pour le pays dont la moitié des échanges se fait avec l’UE. La Première Ministre Britannique milite pour un accord le plus ouvert possible. Mais il faut bien comprendre que même le meilleur des accords commerciaux sera moins favorable que l’Union douanière d’aujourd’hui : le retour à la souveraineté de la norme pour le Royaume Uni, implique la remise en place de contrôles (techniques, sanitaires par exemple) aux frontières qui affecteront la circulation des biens, et bien entendu, on le sait déjà, des services, notamment financiers.

Les milieux économiques britanniques – relayés par Theresa May – militent pour une prolongation de la situation actuelle de deux ans au-delà de 2019. Cela serait sans doute préférable, mais le risque est de paralyser un peu plus longtemps les décisions stratégiques d’investissement des entreprises.

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