Time to check your euro/dollar hedge

 In Economie, Finance et Marchés

Depuis le printemps l’euro a progressé de plus de 17% contre le dollar, testant le seuil de résistance technique de 1,2537 qui signale un retracement de 100% sur un an. Le mouvement est d’autant plus affirmé qu’il est général : l’euro s’apprécie autant que le dollar est en train de s’affaiblir contre les principales devises du monde.

Sur le plan fondamental, l’euro est soutenu par :

  • Le rattrapage de l’activité économique de la zone euro et la vigueur des derniers indicateurs d’activité confirment la poursuite de la croissance en ce début d’année ;
  • Le regain d’intérêt des investisseurs pour les dettes dites périphériques de la zone euro, qui offrent des rendements plus attractifs dans un environnement consolidé ;
  • Le pari de certains investisseurs sur la politique monétaire de la BCE :

Mario Draghi et la hausse de l’euro

De ce point de vue, la décision de la BCE ce jeudi 25 janvier, comme la déclaration de presse initiale, étaient conformes en tous points aux attentes des marchés, confirmant que celle-ci n’entend pas avancer son programme de normalisation monétaire. D’autant plus que l’appréciation de l’euro pourrait peser sur les indicateurs d’inflation. Évidemment, la difficulté pour la BCE sera de gérer la nécessaire normalisation de sa politique monétaire sans pour autant compromettre ses objectifs d’inflation, alors même que l’euro s’apprécie.

Je pense que c’est désormais un faux problème car :

  • La Banque Centrale européenne qui prête attention à l’évolution du crédit et de la masse monétaire, peut aussi tenir compte de la croissance de ces agrégats comme indicateurs d’amélioration de la situation en Europe ;
  • Je suis de ceux qui pensent que le QE (quantitative easing) a bien contribué à la reprise, et quel que soit le niveau de l’euro, la croissance actuelle, montre que les risques de déflation s’éloignent.

Etats-Unis : un pas de plus vers la guerre commerciale ?

De son côté, le dollar pourrait bien poursuivre sa baisse sous le coup :

  • Des déclarations récentes du Secrétaire d’Etat au Trésor américain Steven Mnuchin, ouvertement favorable à un dollar en baisse qui favoriserait les exportations du pays ;
  • Une méfiance plus généralisée des investisseurs face aux à-coups de la politique économique des Etats-Unis, protectionniste et en repli. Les décélérations à l’emporte-pièce du Président Trump ne font qu’ajouter à cette méfiance.

A la longue, cette politique de pression sur le dollar s’est toujours avérée contreproductive car :

  • A terme, l’inflation importée sape la poursuite d’une croissance saine ;
  • Elle décourage les investisseurs non-résidents d’investir aux Etats-Unis, alors que ceux-ci ont besoin de financer leurs déficits publics grandissants.

Au bout du compte, je pense que la BCE ne va pas changer de cap. En revanche, la Réserve Fédérale pourrait devoir accélérer la normalisation de sa politique monétaire. En attendant, l’ écart de rendements entre les Etats-Unis et la zone euro (mesuré par la différence entre le taux 10 ans US et Allemand) s’est installé au-dessus des 200bp (2%), un record de longue durée.

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